Négatif – Les romanciers, les poètes, les conteurs, les peintres ou les sculpteurs, bref ! tous les pseudo inventeurs d’arts, croient qu’ils créent. En réalité, ils n’inventent rien ; ils piquent des idées à droite et à gauche, comme ils en ont la possibilité et le droit, et ils transforment, métamorphosent leurs trouvailles selon leur style, leur mode d’écriture. Ils s’adaptent. S’ils lisent quelque article « négatif » dont ils s’inspirent, le leur le sera également, et si le texte lu se veut « positif », le leur le deviendra, à moins qu’ils décident résolument de démontrer le contraire. Seul le premier conteur a tout inventé, il y a quarante deux mille cinq cent soixante-trois ans et quelques mois. Ses enfants, ses successeurs ont ensuite tous commis le péché de plagiat, de plagiat légitime. Au cours de la période contemporaine – donc la nôtre – on publie beaucoup de textes, de livres, d’articles négatifs. On m’affirme parfois qu’il y a trop de négativité dans certains de mes petits pamphlets. Que voulez-vous que j’y fasse ? Notre époque va tellement dans ce sens, elle est tellement dépréciée (ce qui est un paradoxe, quand on ne parle que de gains) par la pourriture de l’argent, que porter les bulles boursières vides ou les diagrammes statistiques descendants sur la cime de l’enthousiasme paraît tout bonnement incongru. Alors quand il m’arrive de lire des articles qui relatent les déboires de nos sociétés décadentes, je les rapporte dans mes écrits, à ma manière, en les métamorphosant, car je n’invente rien, je transforme seulement. Je ne suis qu’un distributeur d’informations.
Il fait beau, dans le ciel de mon esprit ; j’essaie de me contenter de ce climat, quand il est présent.
Bien à vous, lecteurs amis. Étienne.
