Il arrive que l'on dise : "La vie sans fards". Or, j'aime écrire : "La vie sans phare" à ceux dont l'ordinaire des jours ne montre aucun éclat. Il est difficile de concevoir notre vie sans éclairage, sans lumière dans l'esprit, sans au moins une petite lampe spirituelle qui brillerait dans l'ombre de la matière encéphalique. Pourtant, d'aucuns avancent à tâtons, sans aucune conscience de la possibilité qu'ils ont d'élever leur âme par la pratique soit d'un art, soit d'une activité enrichissante, ou par une saine gymnastique de l'esprit. Le simple fait de cheminer en plaine ou dans des sentiers forestiers, par exemple, donne à voir une multitude de fragments d'espace et de lieux, qui permettent à l'esprit de s'équilibrer, d'acquérir une sorte de souffle salvateur, et par-là même de s'enrichir, et aussi de s'oxygéner, d'ailleurs. Ou encore, le simple fait de se nettoyer l'esprit par l'exercice de la pensée oblige celui qui s'y astreint à rompre avec la monotonie. On a trop tendance à nourrir son existence de séries étasuniennes, de petites choses sans importance et d'inquiétudes infondées qui finissent par briser l'élan naturel de l'esprit vers la lumière.
L'OEIL EN CONNAÎT UN RAYON
L'oeil ressemble au soleil ;
Platon le disait ; moi aussi !
Ils ont un rayonnement même,
la culture de la lumière
et le souci des ombres.
Je suis soumis à mes visions
qui me torturent comme un astre,
comme un soleil fait oeil
et qui jetterait son regard
dans le fouillis de ma conscience.
Ah ! la nuit seule est salvatrice,
parce que nous en revenons.
[ États de conscience 2 ]
À bientôt, chers amis lecteurs. Étienne.