Carnet – L’Homme est un rien acceptable, sur la planète dont il n’est que locataire ; c’est sa folie qui est inacceptable. De nos maisons basses et surchauffées, on ne mesure pas bien la largeur des plaies qu’on inflige à la carapace terrestre et à son breuvage pélagique. Les cicatrices mettront des siècles à se refermer. Il est difficile de prendre conscience de la situation. Regardant hier soir une émission sur le « réchauffement climatique », je me suis rendu compte que les six locuteurs n’étaient pas d’accord ni sur les termes ni sur les chiffres, pour prédire la catastrophe. On nous rebat les oreilles avec des indices « carbone », des degrés, des sommes astronomiques, des niveaux, des couches d’ozone, des métaux lourds, des gaz à effet de serre, des fréquences de tempêtes, de cyclones ou d’ouragans, des OGM, etc. Mais personne n’est en mesure de se mettre d’accord avec son voisin sur un seul élément, sur un seul argument. En poésie, tous les poètes et beaucoup de profanes savent qu’un alexandrin fait douze syllabes. C’est net, précis, sans contestation. En écologie, sauf rares exceptions, dix spécialistes donnent dix chiffres différents. On ne peut donc pas se déterminer en fonction de ces multiples données. Comment peut-on travailler quand on n’est d’accord sur rien ? Les gens ne sont pas dupes et ils savent bien que les rues de la planètes ont besoin d’être balayées, déblayées et il est donc nécessaire de les éduquer, dès le plus jeune âge, afin qu’ils laissent leur chambre propre et éteignent la lumière avant de partir. Il semble inutile de les nourrir jusqu’à l’indigestion de chiffres ou de phrases choc. Allez ! ne jetez pas votre huile de vidange dans le jardin du voisin avant de déménager.
[ Un petit tour de l’Homme – août 2002 ]
Encore une semaine qui commence avec un ensoleillement agréable. Bonne lecture et bonne semaine, amis. Étienne.