183e jour - 2e a. - Notes

Notes – Voici à nouveauun extrait de lettre du 27 janvier, d’un ami poète, A. P., lequel n’est pas connecté à l’Internet et ne sera donc pas en mesure de se relire. « Ici, rien de particulier, l’hiver piétine sur les chemins boueux avec ses maigres jambes froides. Les horizons humides et brumeux s’étendent sur les vignes désertes et donnent à la nature un air triste et rêveur. Dans le jardin abandonné avec son visage pâle, les arbres, immobiles, semblent accablés d’un long engourdissement. C’est le silence. Les journées passent sur le calendrier du temps et nous vivons au ralenti. À l’intérieur de la maison, où la douceur de la température a l’air de ronronner, nous vaquons à nos occupations routinières ainsi qu’à nos petits travaux personnels, G. avec ses pinceaux, ses couleurs, moi avec l’ordinateur et l’écriture, la poésie et la lecture, chacun dans son domaine, pour le plaisir et pour l’amour de l’art. […] J’ai perdu aujourd’hui, sans regret, tout contact avec le monde des lettres de Paris où je ne me suis jamais senti à l’aise. » -  Ce texte me fait penser aux hivers d’antan, quand nos grands-parents vivaient paisiblement au coin du feu, en attendant que le froid s’efface devant les conseils avisés du printemps. 

Voici maintenant le poème que je vous propose :

LA FAIM D’UN RÈGNE

Le vol à main armée

d’une pomme et d’un oeuf

pour écorner sa faim

lui a coûté la liberté.

Il ne peut plus entrer en haine

que contre cette idée

qui l’a fait fauter. C’est la loi.

« Quoi, murmure-t-il, la pensée,

seulement elle, où me nourrir

d’un œuf et d’une pomme

pour m’éviter la mort

perdrait aussi sa liberté ? »

Aussi la décapite-t-il,

devient un prisonnier modèle

puis meurt d’avoir osé voler

dans la soupente de l’esprit.

      [ Une force de loi – 11.2002 ]

Passez un bon dimanche, amis lecteurs. Étienne.