5 février 2008
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Notes – Il est parfaitement logique que les poètes soient les gardiens de leurs propres œuvres. Il faut cependant se rendre à l’évidence qu’une fois qu’un poème est lancé dans la nature, nul ne sait où il retombera, ni quelle utilisation le lecteur en fera. Point n’est besoin de se formaliser inutilement si quelques plagiaires en font frauduleusement leur propriété. Le plagiat existe depuis toujours, et personne n’en est mort.
Il est tout aussi logique qu’un poète veuille que son œuvre soit la meilleure, la plus élaborée et la plus saine possible. En quelque sorte, l’artiste est un compétiteur à sa manière, sauf qu’il n’est pas redoutable comme un financier. Il organise sa compétition à l’intérieur même de sa propre œuvre, cherchant à améliorer constamment la qualité de ses poèmes. Il n’y réussit pas toujours, mais il fait des efforts en ce sens.
Je n’ai guère écrit au cours de ces deux derniers mois : la sécheresse troublante de mon esprit n’est pas due à un manque d’idées, de thèmes. En réalité, ma pensée ne se dessèche pas, j’en suis sûr ; elle absorbe les idées comme le ferait une éponge mais elle ne les restitue pas. Elle ressemble aux trous noirs de l’univers, ces terrifiants objets célestes qui dévorent tout ce qu’ils rencontrent, y compris la lumière, et appertisent leur butin. J’ai bon espoir que mes lampes internes scintillent dans peu de temps !
Voici maintenant le poème que je propose à votre lecture.
RETOURNE CHEZ TOI, DIRENT-ILS
On lui murmura mille fois
que sa vie était sans espoir
à cause du teint singulier.
Ah ! les visages pâles.
Quand le vol de sa liberté
fut reconnu par tous,
il fit la sobre réflexion :
« Toutes les fleurs, pourtant,
tous les oiseaux et les insectes
sont de différentes couleurs ! »
Hélas ! il ne put changer d’air.
Sa différence
prêta le flanc
au mépris, au rejet.
[ Une force de loi – 12.2002 ]