Notes – Au retour de la remise d’un prix de la francophonie, dans sa province du Québec, elle m’écrit : « Imagine-toi que j’étais assise à la même table que le Ministre de la culture du Sénégal, et du lauréat du prix Nobel de littérature 2008 [… ] j’ai nommé Jean-Marie Gustave Le Clézio ! Fabuleux… » Elle ajoute qu’elle a aussi reçu une invitation à se rendre à Dakar. Qu’y a-t-il de si extraordinaire que cela ? Les êtres humains se multiplient et voyagent de plus en plus. Quand on assiste au moindre événement, il est donc tout à fait normal que la rencontre avec une personnalité, ou même plusieurs, tombe dans le domaine des choses possibles. Et puis, tout dépend de la longueur de la table ; dans d’immenses salles de conférences, les tables ont parfois cent couverts ; l’on peut facilement se retrouver à quarante mètres du ministre, à cinquante du prix Nobel !
Lors d’une réunion d’affligés, il y a bien quarante ans de cela, nous reçûmes le Ministre des Affaires sociales, Monsieur Lenoir – je crois que c’était cela. D’abord, il arriva très en retard, ce qui nous sembla de mauvais goût, à nous autres qui avions déjà pris beaucoup de retard sur la vie. Il nous serra la main mollement, pensant que nous étions fragiles ; il dit une mièvrerie à chacun d’entre nous car sans doute imaginait-il que nous étions tous des attardés mentaux ; écouta nos questions aussi mièvres que ses phrases, car on nous les prépara, afin de ne pas en poser d’incongrues. Il ne répondit à aucune et partit aussi vite qu’il était venu. Je l’avais trouvé, à cette époque-là, petit, laid, sans envergure, méprisant, fade… Nous pouvons tous rencontrer des ministres, même s’ils n’ont aucune qualité. – Bonne semaine, amis. Étienne.
