On ignore pour quelle raison la tristesse nous attaque l'esprit quand rien de notre organisme ne semble souffrir de quoi que ce soit ; quand rien dans la famille ou chez les amis n'est venu troubler la fête du printemps, très solaire cette année. C'est sans doute un dérèglement très profond, passager la plupart du temps, qui recueille des larmes invisibles dans le creuset de la mélancolie. Pour apporter remède à ce chaos intérieur, pour rompre cette éphémère spirale descendante, je n'ai guère qu'une seule solution : la poésie. C'est en effet cet art qui guide ma façon d'opérer. Il suffit que j'entreprenne l'écriture d'un poème pour que les nuages de la mélancolie soient chassés par le vent des mots. Pour ceux qui n'écrivent pas ce genre de chose, conseillons-leur de prendre aussi la plume, et d'écrire à un proche ou à un ami. En général, la tristesse s'en va sans crier gare !
EXTINCTIONS
L'encens du langage accompagne
le mouvement des passions brutes.
Sous la pluie qui les clarifie
on se demande dans quel but
l'amour qu'elles diffusent
ne se répand qu'à dose infime.
Cet amour qui parfois prend forme
et croît en se nourrissant d'art
trop souvent retombe et se brise
dans la rigueur de sa disparition ;
son enseigne s'éteint
avec l'aisance des bougies.
[ États d'aimer ]
Je me fie à votre intuition, à votre pensée positive. Bonne journée, amis lecteurs. Étienne.