8 – CHAUSSURE – Une chaussure de Clélia gisait au pied du rocher à la bande noire, à quelques mètres d’où Marie avait crié. Les amis s’approchèrent doucement, le visage marqué à la fois par l’étonnement et l’inquiétude. Viviane prit la chaussure, l’examina, la remit à Marie, qui la passa à Lucien, comme si chacune d’elles voulait s’en débarrasser au plus vite, redoutant quelque drame. Ils retenaient presque leur souffle, en écartant les herbes du pied, en cherchant des traces de pas ou de sang, ou d’autre chose ; ils ne savaient pas ce qu’ils cherchaient, mais ils le faisaient méthodiquement, décimètre après décimètre. Rien pourtant, aucun indice ne vint les affoler ou les rassurer. Rien ! Cependant, en faisant le tour du rocher, somme toute assez banal dans ses dimensions, Lucien sentit plusieurs fois sur sa peau comme un souffle frais, comme une respiration lente. Son esprit l’avait noté, comme ça, sans y prêter vraiment attention, mais le fait de sentir cette « haleine » sur les mains et sur le visage, à chacun de ses passages, le fit enfin réagir. Il s’approcha davantage. « C’est bizarre, ce courant d’air qu’on sent là ! Venez voir ! », dit Lucien. Et chacun passa, repassa dix fois au même endroit, et toujours l’air frais leur caressait la peau. « Clélia ! », cria Viviane une fois encore, persuadée que l’enfant allait lui répondre. Seule une ombre accentua son aura à ses pieds, car l’après-midi s’avançait et le soleil déclinait. (À suivre)
DOMAINES À CONQUÉRIR
La fascinante Voie lactée
ouvre son coeur aux précipices.
La langue des étoiles
est incompréhensible encore
à notre entendement.
Mais demain les lames de l'ombre
brilleront d'une explication.
Alors nous trancherons le doute
et pourrons entamer
nos conquêtes spirituelles,
si la vie que nous chahutons
ne menace pas ruine.
[ États de conscience 2 ]
Bonne lecture, amis. Étienne.