NOTES – En poésie, nous chantons chacun notre chemin ; nous organisons chacun notre transhumance vers ce que nous pourrions appeler les cimes de la pensée, cette expression n’étant pas employée ici prétentieusement. Cette « cime » fait partie de notre conquête utile et nécessaire. Sans ce but à atteindre, l’exercice de la poésie serait moins noble, me semble-t-il. En vérité, il s’agit là de faire sa propre conquête, intérieure, puisqu’il n’y a de cime véritable qu’en soi. On réserve celles qui sont couvertes de neige aux randonnées et aux sports d’hiver. Peut-être le poète est-il tout simplement un éclaireur, un guide ; quelqu’un qui cherche à se libérer de sa sédentarité intellectuelle par la recherche d’une pensée plus vaste, moins écrasée par le poids du patrimoine terrestre, je ne sais pas, je réfléchis en écrivant cela. Le poète sait bien, plus qu’un politicien par exemple, qu’il n’est pas le centre du monde, qu’il doit se démettre de cette idée ; que s’il atteint une cime, la sienne, c’est pour mieux envoyer son rayonnement sur autrui ; ses lampes sur la petite fraction de connaissance qu’il a le sentiment de posséder et la faiblesse de le penser. Il n’invente rien, puisque les mots et la pensée étaient là avant lui. Il essaie tout simplement d’en restituer l’essence et le souffle. Il n’est pas en révolution permanente ; il s’élève pour mieux dire, pour mieux prédire et pour mieux écouter aussi. Au passage, il sert la langue qu’il emploie.
EN INVENTANT D'AUTRES BUTS
En partageant notre aube triste
nous gravissons un échelon.
Ensemble, sous le poids chenu
d'un nuage incorrect,
nous serons contraints d'importer
une paix plus durable.
La rigueur de la vie
clarifiera nos avancées
et notre soif d'inventions folles
ne prendra forme qu'en aimant.
[ Touches et nuances ]
Enfin ! le soleil revient un peu cet après-midi. Bonne lecture, amis. Étienne.