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  • : le blog aquapomu
  • : Mon but est de donner à lire des poèmes personnels, ou d'autres auteurs parfois ; des nouvelles, des notes sur le vocabulaire, la poésie, etc. Il s'agit d'un blog littéraire, en réalité.
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15 novembre 2007 4 15 /11 /novembre /2007 09:38

Notes – Lundi, un voyage a eu lieu. Nous sommes allés en famille à la grande ville la plus proche de chez nous où fut élevée il y a fort longtemps la cathédrale au chœur gothique le plus haut du monde. Il m’a été impossible de vérifier, puisque la croisée d’ogives la plus céleste culmine à 48,30 m, me semble-t-il, et je n’avais pas d’échelle. Dommage que ce bel édifice, sans transept ni nef, se trouve dans la vallée du Thérain, une modeste rivière, car on ne le voit pas de loin. Il faut arriver au sommet d’une des collines qui entourent la ville au nord, pour apercevoir toute sa puissante majesté. Notre court voyage de 50 km aller et retour s’est fait sans valises, sans préparation aucune, puisque nous rentrions le soir même au village, illuminé de sa triste solitude. Les autres voyages, les longs, me déconcertent, car il faut préparer un tas de vêtements inutiles, d’objets divers, de papiers périmés, de valises gonflées. On affronte le labyrinthe du parcours, les foules anonymes dans le plus grand inconfort psychique et le soleil du séjour se trouve effacé par les ombres épaisses du retour. Reprendre ses habitudes s’avère difficile, malgré tous les efforts consentis par l’encéphale, les mains, les pieds, le cœur. On oublie les chœurs gothiques visités et les salves d’applaudissement de la nature. Les photos demeureront enfermées dans des albums en plastique jusqu’à la fin de leur jaunissement. Voilà les souvenirs de voyages !


                   XX

Quand le rayonnement
chaud encore du cœur à nu
nous stimulait,
il nous fallait penser
aux armes de l’amour,
dont les lames luisaient dans l’ombre.
 
                    *
Tu vivais dans la vague
venue du fond de l’univers
et que rien n’arrêtait
dans son expansion infinie.
 
                    *
Tu es trop inconstant
et trop inconsistant
pour exercer une influence
sur l’ordre qui nous est promis.
Pour l’heure ton devoir
consiste à faire face,
rien que cela.

        [ Un petit tour de l’Homme – 09.2002 ]


Ci-dessus figure le dernier poème de cette série. Bonne lecture, amis, et pardonnez-moi mon irrégularité, il y a parfois une grève des transports de mots ! Étienne.

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11 novembre 2007 7 11 /11 /novembre /2007 16:33
Voici tout d'abord le poème du jour, d'une série qui va prendre fin :

                  XIX
Tu sais, dit-il, je peins
sans jamais observer les arbres,
le ciel ou les rochers ;
tout cela est en moi
puisque je leur ressemble
étant de même essence qu’eux.
 
Un autre d’ajouter :
je sculpte dans la glaise
dont les atomes sont pareils
à ceux que je contiens.
 
Étonné, le troisième
Ne sait que leur répondre ;
il n’emploie que des mots
sans consistance aucune
qu’il tripote dans sa cervelle.
Parfois, les assemblant,
il construit quelque livre
qui demeure toujours fermé.
         [ Un petit tour de l’Homme – 09.2002 ] 


Il me plaît aujourd’hui de vous faire partager quelques citations qui figurent dans mes carnets.
Commençons par Joachim Du Bellay : « Celui qui sera véritablement le poète que je cherche en notre langue me fera : indigner, apaiser, éjouir, douloir, aimer, haïr, admirer, étonner : bref, qui tiendra la bride de mes affections, me tournant çà et là à son seul plaisir. Voilà la vraie pierre de touche où il faut que tu éprouves tous poèmes en toutes langues. »
De Serge Wellens : « Une poésie faite pour tous est une poésie dont la qualité est menacée. »

D’Yves Bonnefoy : « Le lecteur de la poésie n’analyse pas, il fait le serment à l’auteur, son proche, de demeurer dans l’intense. »

Bonne lecture, amis, et bonne semaine prochaine. Étienne.

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9 novembre 2007 5 09 /11 /novembre /2007 14:37
Notes – Cette nuit, une petite tempête provoqua la chute rapide des dernières feuilles qui résistaient à leur mort lente. Seuls les rosiers en ont encore quelques-unes qui répondent à l’appel. Sans feuilles, les insectes, les oiseaux et la rosée n’ont plus de supports acceptables pour écrire. Leur parlement, devenu silencieux à l’approche de l’hiver, est parti en exil on ne sait où. La terre humide et froide écrit ce qu’elle peut avec son encre de mottes et de boue. On n’attend rien de ces hiéroglyphes d’un genre particulier. La terre conserve quelques graines dans son réfrigérateur, afin d’en régurgiter de jeunes pousses, le printemps venu. En haut de la colline, un cheval monté par une jeune cavalière affronte la grisaille de l’horizon ; on croirait une ombre chinoise qui part à l’aventure sur des chemins qui n’en finissent pas de prendre de l’altitude. La jeune femme ne parle sûrement pas ; d’ailleurs que pourrait-elle dire à des champs qui s’endorment, à des corbeaux qui croassent comme des malades ? Elle écoute les gémissements du sol, la respiration lourde de son cheval, et son propre cœur à elle qui bat tranquillement pour que sa vie continue sans rien demander à personne.
 

                XVIII
Derrière la farce étoilée
qui cligne tant des yeux,
on se bat pour que la charpente
ne cède pas à ses chevilles.
 
Les feldspaths et les améthystes
aux confins de ce monde-là
servent de sol au Grand veilleur
qui se nourrit de transparence.
 
Faire face, voilà !
Sangle-toi dans cette attitude
pour que ton cœur fragile
s’en fortifie et que tes pieds
à chaque instant s’y posent
comme sur des sandales
pour progresser plus sûrement.
          [ Un petit tour de l’Homme – 09.2002 ]


Bonne fin de semaine, amis lecteurs. Étienne.
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7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 17:53

NOTES – Au fond de lui-même, le poète – comme tout autre artiste, d’ailleurs – espère qu’il sera éternel. Il demande à Dieu qu’il le soit. La réponse de celui-ci est claire : « Fais correctement ton travail, remplis ta mission, et tu seras éternel quand je le déciderai, c’est-à-dire au moment où tu prendras place près de moi ! » Conscient de sa faiblesse terrestre et de sa certitude de ne pas être à la hauteur, le poète menace Dieu dans ses écrits et lui intime l’ordre de lui accorder le privilège de l’éternité sur la Terre, par le biais de la célébrité, et de lui épargner ainsi la mort honteuse, non seulement du corps, mais aussi par la torture de l’oubli. Alors Dieu répond par le silence. Le poète avoue qu’il déteste la mort ; c’est elle qui lui ôte son courage, sa force et sa lucidité. Il espère encore que la mort n’existe pas, elle qui sème le trouble dans les esprits fragiles. Des chercheurs astrophysiciens avancent cette théorie : le temps n’existe pas. Le poète la connaît et il pense qu’en l’absence de temps au sein de l’univers, il ne peut y avoir de véritable mort. Il l’exprime pendant l’écoulement suggéré par les horloges terrestres, et il est mort d’inquiétude !

               XVII
Où trouver le chant qui enivre ?
Le livre qui enchante ?
Le jardinier d’amour
s’est tu depuis longtemps.
 
Rabindranāth Tagore
ne mesure pas à quel point
le chant des oiseaux a changé
depuis que la nuit des temps clairs
a vu naître des jours si noirs.
 
Coucher sous les draps de nuages
ou brouter dans le pré d’étoiles
perd tout son charme,
à cette heure qui terrorise
les vieux transports
des bonnes volontés.
Faudra-t-il encore inviter
quelque émeraude en notre esprit ?
          [ Un petit tour de l’Homme – 09.2002 ]


Un peu de tristesse envahit peu à peu mon âme, ce soir, à l'heure où les chouettes entament leur tour de garde. Bonne lecture, amis. Étienne.
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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 10:46
Eugène Guillevic.
   Sa poésie ne ressemble pas à de la broderie ni à de la dentelle, bien que l’on puisse dire tout à fait le contraire, si l’on considère qu’il fut méticuleux dans l’exercice de son art. C’est une poésie concise, rigoureuse, précise, qui exprime sans concession ce qu’elle a à émettre, sans emphase ni redondance, mais avec une certaine densité. Les adjectifs sont à peu près absents du concert poétique, car le brillant chef d’orchestre était suffisamment talentueux pour s’en passer.
   Guillevic allait à l’essentiel, vers la courbe de l’essentiel, celle qui donne à ses poèmes tant de simple beauté, tant de naturel, tant de vigueur aussi. En quelques coups de plume, il dessinait son paysage poétique et sa géographie artistique. L’efficacité de sa poésie est redoutable, car il suffit de la lire une fois pour ne plus oublier son style si sobre et si direct. On le reconnaît entre cent.
   Bref ! Guillevic est une valeur sûre de la poésie française contemporaine, et il serait bien étonnant qu’il tombât dans l’oubli au cours des prochaines décennies.
 
ART POÉTIQUE
 
Je ne parle pas pour moi,
Je ne parle pas en mon nom,
Ce n’est pas de moi qu’il s’agit.
 
Je ne suis rien
Qu’un peu de vie, beaucoup d’orgueil.
 
Je parle pour tout ce qui est,
Au nom de tout ce qui a forme et pas de forme.
Il s’agit de tout ce qui pèse,
De tout ce qui n’a pas de poids.
 
Je sais que tout a volonté, autour de moi,
D’aller plus loin, de vivre plus,
De mieux mourir aussi longtemps
Qu’il faut mourir.
 
Ne croyez pas entendre en vous
Les mots, la voix de Guillevic.
 
C’est la voix du présent allant vers l’avenir
Qui vient de lui sous votre peau.
 
(Gagner) – Eugène GUILLEVIC


Bonne lecture, amis. Étienne.
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4 novembre 2007 7 04 /11 /novembre /2007 16:14

Nouvelle – Voyage 2 – Pour les repas de ce frisquet séjour en Bretagne, Eugène, qui ne pouvait guère se déplacer qu’en compagnie d’un pousseur, s’arrangeait souvent pour se placer face à Raoul. Si bien que celui-ci se trouva plus d’une fois aspergé par les geysers buccaux de son vis-à-vis quand il réussissait à emmagasiner un peu de nourriture ou de boisson dans ses bajoues. Sa déglutition était difficile, naturellement. Pour ne pas paraître gêné et troublé – ce qu’il était vraiment – par le handicap très lourd d’Eugène, Raoul, jamais avare d’un bon mot ou d’une contrepèterie oiseuse, se donnait une contenance en riant comme un de ces ravis de jadis et en balançant ses vannes de collège. Eugène éclatait de rire à nourriture déployée, et l’assiette « raoulaise » n’avait jamais l’allure biafraise, puisqu’elle récupérait toujours quelque friandise en partie mastiquée. Raoul arrêtait d’ailleurs de manger assez tôt pendant le repas, car prendre deux rations n’était pas dans ses habitudes. Grâce à une espèce de vieil appareil de conversation, Eugène se faisait comprendre par une sorte de système syllabique primaire qui lui permettait de composer des phrases brèves en posant la pointe d’une baguette sur chacune des syllabes qui formaient le mot. Beaucoup de mouvements étaient ainsi évités, mais c’était tout de même très long, et il fallait parfois une heure pour tenir une conversation qui aurait duré d’ordinaire cinq minutes. Après les repas il insistait bruyamment pour converser interminablement. À la fin du séjour, Raoul et Eugène échangèrent leur adresse, se promettant de s’écrire. Le second étant plus jeune que le premier, il fut donc convenu qu’Eugène écrirait d’abord. Mais l’échange n’eut jamais lieu ; on sut plus tard qu’au retour du voyage, la santé d’Eugène s’était détériorée. (fin)   

                  XVI
Ah ! les meubles reluisent,
les cervelles s’enorgueillissent
de leur suprématie
dans le règne animal,
et l’or jaunit des mains malignes.
Tout est donc idéal.
 
Mais ceux qui occupent les âmes
ne comprennent jamais
ceux qui garnissent les abîmes,
ceux que l’on dit d’en bas.
Étonnant, non ? Asséchant, oui !
 
D’aucuns confondent
semer avec s’aimer
et se piquent de croire aux cimes
où ils finissent seuls
après des ascensions brillantes.

          [ Un petit tour de l’homme – 09.2002 ]

ll fait très gris aujourd'hui, alors qu'à Arezzo, le soleil brille tout de même dans un coeur triste. Bonne lecture, amis. Étienne.

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31 octobre 2007 3 31 /10 /octobre /2007 10:35

Nouvelle - Voyage 1– Comme la France est belle ! C’est ce que se disait Raoul, au début de son voyage en compagnie de ses frères affligés. Le car venait de s’arrêter pour casse-croûter sur le parc-autos de Caen, car quand on voyage avec des affligés, on fait toujours l'économie des manipulations et on ne les descend pas à chaque arrêt, même quand on a le temps. Du coup, ils ne voient que ce qu'ils peuvent voir à travers les vitres du car : un supermarché, des bagnoles, du ciment, une grue, une bétonnière, des sacs plastique qui volètent au vent. À cette époque-là, ils partaient en séjour touristique en Bretagne. Au cours de ses 9 jours passés à Erquy, le temps fut exécrable : oui, car on propose aux affligés une période qui ne dérange personne. Ils furent donc là-bas du 29 septembre au 08 octobre, contre vents et marées, et, comme de juste, il ne restait qu’eux dans l'établissement de vacances. Ainsi, ils ne heurtaient le regard de personne, avec leurs muscles sauteurs et trembleurs, avec leurs cannes et leurs fauteuils roulants. Il y avait même un type, Eugène, un affligé IMC, comme on appelle ce genre d'affliction (Infirme moteur cérébral, on dirait presque un métier ! ), qui voulait absolument manger seul : on est en vacances ou on ne l'est pas ! Avec les petits pois, c'est féerique, et dans ce genre de camp, on a toujours des petits pois au moins deux fois par semaine. Quand il plantait (c'est le mot exact) sa fourchette dans l'assiette, 10  petits pois prenaient le large, parfois l'un d'eux atterrissait dans notre assiette, dans notre verre, sur la chemise... Puis il soulevait sa fourchette, à peine occupée, et 5 petits pois sur les 6 de la fourchetée fusaient encore en spirale par dessus bord. Une fois sur deux, le dernier petit pois allait dans la bouche. À la fin du repas, on comptait nos taches. Comme la France est belle !

                 XV
Tu t’élèveras comme un cierge
mais bien plus haut que lui,
car ta flamme n’a pas de fin,
son champ ne connaît aucune ombre.
 
Des enfants nus viendront à toi ;
tu les vêtiras de chaleur
et de lumière vivifiantes.
Tu leur offriras des raisins,
de l’eau fraîche et du pain d’épices.
 
La mer est à deux pas,
on en sent le sel et le sang.
L’envie d’écrire sur le sable
te tenaille et tu y succombes.
Tu écris aux enfants
ce qu’ils ne peuvent pas savoir.

        [ Un petit tour de l’Homme – 08.2002 ] 

Bonne lecture, amis fidèles. Étienne.

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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 11:11
Quand mes doigts acceptaient encore d’être les petits soldats dociles de ma volonté, au cours de mes lectures je copiais dans de petits carnets des citations, des poèmes, des notes sur la poésie. Lorsqu’un carnet était plein, je m’appliquais même à établir une table des auteurs. Hier, en cherchant tout autre chose, je suis tombé sur un ancien carnet de 180 pages, qui dormait au fond d’un petit placard. Le réveillant pour le feuilleter, je me suis rendu compte que celui-ci est une mine. Je vous livre un passage de l’écrivain Alain Bosquet (1919-1998), relevé dans l’ « Anthologie de la poésie contemporaine ».
 

« Tout poème digne de ce nom porte sa part de mystère. Tout poème digne de ce nom évite la communication directe : son message est occulté ou à plusieurs sens. Tout poème digne de ce nom possède une dimension invisible que le lecteur cherche à deviner ou qu’il assume, dans le ravissement mieux que dans la raison. Plus que jamais, aujourd’hui, le poème exige de conjuguer l’ineffable et le dit, la conscience et le subconscient, l’ivresse et la lucidité. Il rejoint les sortilèges ou les dégoûts de l’autre, sans avoir à obéir à des règles extérieures à sa propre identité, toujours manifeste et toujours irréductible. Il est fait pour accéder aux zones secrètes du lecteur, si celui-ci accepte de n’y voir ni mot d’ordre, ni illustration de quelque vérité étrangère au texte. »


Et voici mon poème :

                 XIV
Marcher, courir, surprendre…
À quoi cela sert-il ?
Et bâtir ? Les frères humains
tracent des chemins neufs
cernés de mille immeubles
qui ne résistent pas au temps.
 
Pourtant, il ne faut arrêter
ni la marche ni les passages.
Car aller plus loin nous délivre
d’un poids indéfini
sous lequel on ploie de douleur
depuis notre première aurore.
 
Bien des souvenirs nous harcèlent.
La diminution de la charge
se produira en progressant
vers ce point lumineux et sobre
qui purifie les âmes.

            [ Un petit tour de l’Homme – 08.2002

 

Bonne semaine, amis lecteurs fidèles. Étienne.

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25 octobre 2007 4 25 /10 /octobre /2007 16:36
DESTIN – On dit parfois qu’une puissance règle le cours des événements, qu’ils soient décidés d’avance ou non. Le destin serait donc lié à la chance, au hasard dès lors que cette puissance nous aurait dans son rayonnement cosmique le plus positif. Acceptons-en l’augure ! Cependant mon destin, selon que je me lève de bonne humeur ou non, change d’orientation ou de point final dans le cours ordinaire de mon cheminement quotidien. En vérité, le destin me semble d’une matière trop légère pour que j’y porte un véritable intérêt. Qu’est-ce donc en effet que cette chose aléatoire qui n’a pas de signification absolue et qui s’agite comme un parfum creux au-dessus de chaque tête ! Je ne me fais pas à l’idée qu’une marque indélébile en forme de couperet nous suive notre vie durant et, le moment venu, nous coupe la chique au milieu d’un repas, de la rue ou du sommeil sans que nous y soyons préparés. Je verrai plutôt le destin comme défavorable à la bonne fortune du pauvre, et favorable au camp opposé. Mais il n’est pas dit qu’on ne puisse pas infléchir la courbe de notre destin si l’on respecte les leçons de conduite et si l’on écarte le code de la déroute.

Destin est un déverbal de « destiner » (1155), du latin destinare « fixer, assujettir, attacher, au figuré « décider, affecter à », en particulier « fixer son dévolu sur » d’où « acquérir » et absolument « se proposer fermement ». Destin a le sens de « détermination » (1165), « sort » (1170), faisant de lui un quasi synonyme de destinée et de fatalité, sort.

                   XIII
Par son coq, l’aube
retentit, humide et tiède.
Les courageux se levèrent.
 
Le ciel, d’origine inconnue,
attendait pour faire bombance
jusqu’aux confins du vide.
 
La lumière nous grandissait ;
nous franchîmes le seuil
et fûmes dépassés par l’ombre,
plus loin dans l’aventure.
 
Ne regrettons rien du passé,
il est d’un autre temps,
disent des imbéciles.
Pendant ces minutes, la Terre
trempait sa couenne encore
dans le sang d’un autre temps d’aube.
            [ Un petit tour de l’Homme – 08.2002 ] 

Bonne lecture, amis. Étienne.
 
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23 octobre 2007 2 23 /10 /octobre /2007 17:21

Carnet – Forces – D’abord, le matin s’est levé. En se tournant vers l’est, il s’est assuré de la présence du soleil. Il a pratiqué ses pandiculations puis il a pris un petit-déjeuner de vent et de rosée. Les couleurs se sont heurtées les unes aux autres, se sont interpénétrées et ont fini par organiser un camaïeu de bleu pâle un peu triste. Me levant moi aussi, je me suis mis à désirer des objets, des formes, des forces, car je manque cruellement de ces dernières. Il est humain de désirer, de vouloir ce qui nous est nécessaire. Si les forces ne me manquaient pas, il est sûr que je me contenterais de celles que j’ai. Je ne désire pas quelque chose d’inaccessible, comme l’escalade d’un haut sommet dans les Andes ou la possession d’une force herculéenne d’haltérophile. Non ! il me conviendrait assez de recevoir une force suffisante à la préhension d’un crayon ou d’un livre. Pour l’écriture de poèmes, il faut bien un crayon, ou un réservoir d’encre contenu dans une espèce de manchon de plastique. En vérité, désirer des objets simples me convient bien : des feuilles de papier, des carnets, des stylos… et quelques idées. Le Taj Mahal et le Popocatepelt ne sont pas pour moi.

              XII
Cette nuit, tout est calme
et la respiration s’apaise.
Vaincu par la fatigue,
on meurt sans connaître la mort.
 
              **
Tu sais, dit une voix,
la conscience qui s’enhardit
a des limites fluctuantes
et la pensée a peu conscience
qu’elle est illimitée.
 
              **
Des personnages magnifiques
et d’autres monstrueux
font et défont un monde à part.
Comme si la réalité
était insuffisante !
            [ Un petit tour de l'Homme - 08.2002 ]

Il m'a été impossible de bloguer hier ! Bonne lecture, amis. Étienne.

 

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